lundi 10 octobre 2011

Les chiens des communautés autochtones cris

Par où commencer? Peut-être par ma première frayeur vis-à-vis des chiens errants aux villages de Waskaganish.
Nous sommes le 27 Septembre et je viens d’arriver au village depuis quelques jours.
Les camions commencent au levée du soleil leurs tintamarres quotidien.
Allongée sur la banquette du salon, je m emmitoufle dans les couvertures pour prolonger, encore quelques instants, ma courte nuit.
Ma hostsurfeuse est déjà debout. Je l’entends naviguer doucement dans la cuisine.
Le nouveau chat de la maison, recueilli dernièrement, me griffe le pied droit. Aïe ! Je me lève d’un bond, ça fait mal.
En guise de petit-déjeuner, c’est pain perdu (ici appelé pain doré) au sirop d érable. Le sourire se redessine doucement sur mon visage.
France, donc comme tu l’as compris, ma hostsurfeuse, m’annonce le programme de la journée. Elle me propose avec gentillesse, tout d’abord, de profiter d’un bon bain. Puis, si je l’accepte, de sortir ses chiens. C’est là que l’affaire se complique.
Je commence la promenade avec les deux sœurs aux belles gueules, entre les maisons, les travaux et les ordures du village. Deux autres chiens errants, le noir et le beige, se joignent à nous en bonne compagnie.
Signe de têtes de politesse à tous les autochtones qui me dévisagent de la tête aux pieds. Le tableau doit cependant être assez inhabituel pour eux. Une jeune blanche, étrangère, blonde aux yeux bleus, qui promène quatre chiens et porte sur elle le souvenir de la veille.
Un homme, passant devant chez France, s’est fait chiper la main par un labrador blanc en liberté, qui lui, appartient aux voisins qui habitent à quelques pâtés de maison. Au final, points de sutures et la police qui débarque vers minuit pour avoir des explications. Rien à dire, les chiens ne sont pas à nous et encore moins à moi. OK, J’admets, ils sont tous en amour pour France qui les nourrit assez souvent, les accueillent chez elle l’hiver lorsque le froid est trop rude ou les soigne lorsqu ils sont blessés.
Ici, la majorité des autochtones a peur des chiens qui errent dans les rues à moitié abandonnés par leurs propriétaires. Alors, lorsqu’ils en croisent un, ils ont tendance à prendre deux pierres pour se défendre. Les chiens se sentent agressés et parfois le drame se produit.
Bref, je retourne à mon histoire du matin. Je me promène, donc, avec les chiens quand le noir et le beige se mettent à sauter sur une des soeurs. Ils commencent à se mordre tous les quatre violemment et je ne peux lâcher la laisse de peur que les deux soeurs ne se sauvent. Je crie. J’ai peur. Le noir et le beige cessent d’un seul coup leur attaque. J ai fait diversion en hurlant. Ils me regardent. Mes yeux me trahissent. Ils lisent ma crainte. Je deviens la proie. Ils essaient de me mordre les chevilles. Je tourne en rond avec les deux soeurs pour éviter les crocs. Ils me testent sinon ils m’auraient croqué depuis longtemps. Je réalise que je crie toujours et qu’ils perçoivent mon attitude comme un signe d agression. Changement de méthode. "Gentil, gentil, gentil chien", que je ne cesse de répéter doucement d’une voix contenante mais trahissant mon angoisse. Ça marche. Il prenne de la distance. Je me dépêche d atteindre la maison. Ouf j’y suis.... Un peu plus tard, remise de mes émotions, je réfléchis au déroulement de cet événement. Je me rappelle avoir caresser les deux sœurs. Le beige et le noir, étant un peu plus loin de moi, ils n’ont pas reçu de signe d’affection et de reconnaissance de ma part. Peut-être ont-ils ressenti une jalousie, manifestée par cette attaque soudaine envers les deux soeurs.  


La même journée, je connais une mésaventure similaire. A court de vêtements propres, je décide de me rendre à mon van, qui est stationné sur le parking du père du village, car, paraîtrait-il, cela est plus sécuritaire, comme dise les québécois, soit il y a moins de chance qu’il se fasse vandaliser.
A mon arrivée, je ne peux y accéder. Les chiens du père me bloquent l’accès, pensant sûrement que je veux entrer à son domicile. Ils sont au nombre de six, ils montrent leurs dents, entourent mon camion. Je suis tétanisée. Ils se rapprochent de moi, me tournent autour. Ayant compris la leçon de ce matin, je leurs parle doucement, pour les rassurer sur mes bonnes intentions. La meute de chiens détourne leurs attentions quelques secondes. J’accède à la porte de mon van. Ça y est je suis à l’intérieur. Je récupère le nécessaire. Maintenant je dois sortir. J’ouvre la porte. Les chiens ne mettent aussitôt à aboyer. Au moindre de mes mouvements, les chiens baissent la queue et montrent leurs dents. Ce n’est qu’une demi-heure plus tard que je sortirai grâce à un passant accompagné de son chien, qui sera poursuivi par l’ensemble de la meute.

Deux expériences qui vont marquer la suite de mon séjour à Waskaganish. Jamais je ne baisserai mon attention lors de mes sorties dans le village. Toujours je serais sur le qui vive d’une attaque de chiens.

Ma vision n’est cependant pas négative à l’égard de ces pauvres bêtes, qui n’y sont absolument pour rien. Elles ne mangent pas assez et vivent dehors dans de rudes conditions. N’empêchent que la majorité des chiens sont simplement en manque d’amour et n’attendent cas être adoptés par qui voudra bien s’en occuper.
J’ai pu en faire l’expérience quelques jours plus tard. Smiley, de son nouveau nom de baptême, beau labrador noir, deviendra un bel ami qui me suivra partout au moindre de mes déplacements dans les rues du village, se frottant à mes pieds à la moindre occasion et levant mes mains pour glisser sa petite tête en manque de tendresse.

Malheureusement ce n’est pas non plus de la faute des autochtones qui n’ont pas la même vision du chien domestique que celle perçue en occident.
Avant utile, au sein de la communauté, par son rôle véhiculaire, le chien a aujourd’hui perdu sa fonction principale. Accueilli dans un premier temps, pour satisfaire la demande des enfants de jouer avec un animal de compagnie, le chien est vite délaissé lorsque celui-ci grandit ou tout simplement du fait d’une absence de conscience des soins nécessaires à son bien-être.
La prolifération des chiens doit clairement être régulée pour améliorer les conditions de vie des habitants des communautés autochtones. Jusqu’alors la méthode utilisée était l’abattement des chiens au fusil par les habitants eux-mêmes en échange d’une rançon. A Waskaganish, cette méthode est désormais interdite mais rien n’est venu la remplacer. La construction d’un chenil ne fait pas partie de leurs priorités et entraînerait des taxes que les habitants ne sont pas prêts à endosser. L’euthanasie ne fait pour l’instant pas parti des mœurs. Et la stérilisation du chien dès son acquisition semble être une solution à envisager mais elle n’est pratiquée que par une minorité et principalement par la population non autochtone. Cependant, les choses évoluent doucement. A présent des vétérinaires mandatés par le gouvernement viennent une fois par an pour vacciner les chiens des communautés contre la rage et proposer des premiers soins tel que les vermifuges. Certaines personnes vivant dans ces communautés sont porteuses de ces initiatives et tentent d’améliorer la situation. C’est le cas de France, qui se bat, chaque jour, pour améliorer la condition  de vie des chiens de Waskaganish.  Malgré toutes ses bonnes volontés, elle restent cependant isolées et cela n'est pas suffisant pour impulser la résolution de ce problème qui concerne autant la santé, la sécurité que l'ordre publique. Tout le monde doit se sentir concerné par la prolifération des chiens errants dans les communautés autochtones. Ce n'est que par une sollicitation commune des différents acteurs de la cité, y compris de ses habitants, que des solutions adaptées, partagées et validées par tous, seront trouvées, pour  impulser et voir  naître  une réelle amélioration durable sur le long terme.
 
                    Photos prises lors de la journée de vaccination des chiens contre la rage

chien plein de nœuds et très sale

chien domestique

"chien beige" qui sera nommé ce jour Hercule

Smiley

Chiot et son jeune maître

Chien et son propriétaire, un des seul adulte qui sera venu ce jour

Chien de mon histoire qui a mordu la main à quelqu'un pendant la nuit

France et ses deux chiennes "belles gueules"

 Magaly, la vétérinaire et Judith, enseignante, ramenant un chien errant à vacciner

1 commentaire:

Anonyme a dit…

quelle aventure moi qui avait peur pour toi des loups et des ours tu as du avoir un drole de peur et celà t'oblige à t'introspecter pour savoir qu 'elle est le bonne attitude quand on n'a pas de formation ,mais dis-moi c'est une ambiance particulière dans ce village
ton amoureux m'en à parlé l'autre jour,tu ne dois pas passer inaperçue
"une belle blonde chez les indiens"
çà fait un beau titre bisous rê