jeudi 28 février 2013

Je me rappelle,

Je me rappelle le jour où tu m’as donné son livre.
Ces quelques pages reliées sous le nom de l’indignation.
Je me suis demandée comment un si petit livre pouvait susciter autant d’intérêt et d’admiration.
Une demi-heure plus tard, la dernière page tournée, je sentais naître en moi la révolution.
Le cœur serré et le souffle court, je tournais en rond dans le salon.
Oui, indignée j’étais et cela depuis longtemps déjà, mais une grande question me turlupinait :
Comment faire naître chez chaque individu, le désir de s’unir pour construire les passerelles du changement ?
Un an plus tard, je n’avais toujours pas trouvé réponse mais je n’étais plus seule à me poser cette interrogation.
Sur la place de l’Université-du-Québec, dans le quartier Saint-Roch, je ressentais de nouveau cette vibration qui m’avait tant émue, ce sentiment indescriptible qui traversa mon corps et me mit en ébullition. Un léger sourire au coin de mes lèvres, les yeux rivés dans les nuages, je me sentais vouée à vivre ce grand tourment.
Je remarquai que mes poings étaient fermés sur une peau moite pétillante d’énergie. J’ouvris alors mes mains pour les tendre face au sol bétonné. Je le transperçai pour ressentir les profondeurs de la Terre. Maintenant j’étais en parfaite connexion.
A ce moment, ton regard croisa le mien et je pus lire la même force combattante qui m’habitait : La résonance de l’Espoir.  

samedi 16 février 2013

On a mangé Edouard Shroom...

C'est vrai qu'il n'était pas bruyant notre ami Ed. 
Depuis son arrivée il n'avait pas demandé une grande attention. Un peu d'eau et de fraîcheur.
Il ne prenait pas non plus une place envahissante et encore moins depuis qu'il avait décidé de squatter le sol de la cuisine. Il se plaisait à regarder par la grande fenêtre de l'appartement les oiseaux de l'hiver qui malgré le froid continuaient de chanter gaiement.
Après trois semaines de compagnie, Ed. se sentait bien. Il avait grandi et s'était épanoui comme une fleur. Comme nous le trouvions beau et à notre goût.
Un soir, notre amour pour lui grandissant, nous n'avons pu résister à l'envie de croquer sa chair. Pris par la folie de la faim nous lui avons découpé soigneusement ses jambes puis ses bras pour ne laisser que son corps.
Mais ne t'inquiète pas, Edouard n'est pas mort, nous le maintenons en vie.

Edouard dans sa maison






Edouard a grandi.
 



Et bonne appétit bien sûr!











jeudi 14 février 2013

Suis-je malade?



A te dire la vérité, ma première réponse fut oui.
Tu semblais nerveuse, tournant exagérément ton café noir et silencieuse tu affichais un léger sourire malicieux. J’essayais de lire dans les profondeurs de ton regard mais tu avais fermé la porte à clef. Je regardais les morceaux de ta chair apparente dans l’espoir de trouver des indices. Pas de cicatrice ni même de rougeur pour confirmer mon hypothèse. Que te faisait-il exactement ? Et pourquoi m’avoir choisi comme confidente ? Je n’étais pas psy ni même ton amie ; qu’une simple connaissance de quelques semaines. Mais ta révélation ne pouvait que nous rapprocher. En avais-je envie ?
Et d’ailleurs, elle consistait en quoi tes pratiques ?
A chaque nouvelle rencontre je m’attachais à ton apparence.
Je me rappelle le jour où tu es arrivé avec ce collier en cuir noir orné de piques métalliques. Après son inspection je remarquais une petite attache sur le côté. Je n’ai pu m’empêcher de t’imaginer objet de plaisir. 
Aujourd’hui ton t-shirt noir à fermetures éclair multiples venait dessiner tes formes fébriles.
Mes autres voisines semblaient bien anodines à tes côtés.
Non tu n’étais pas folle, seulement malade de tes désirs…