lundi 19 décembre 2011

Toc-Toc-Toc...

Qui est là ? C'est le gentil loup qui veut... Récolter des dons pour UNICEF.

" Non merci, je ne prends pas d'espèces... Nous avons besoin de personnes pour soutenir nos actions de façon un peu plus régulière...Accès aux soins, à l'éducation et à la protection... Je vous propose le programme privilège "parent du monde"... Avec ce petit montant versé chaque mois, Unicef va pouvoir stabiliser son budget et proposer aux enfants des actions planifier sur le long terme, avoir un fond directement accessible pour traiter les situations d'urgence en intervenant le plus rapidement possible, car vous le savez, c'est dans les 24h que l'on sauve le plus de vies... En devenant "parent du monde", vous allez permettre d'augmenter la représentativité d'Unicef au niveau international... Grâce à vous, Unicef peut faire pression auprès des autres états membres de l'ONU pour faire appliquer la convention des droits de l'enfant... Je vous propose de consommer une fois par mois de façon utile et responsable... Un montant symbolique qui ne va pas changer votre mode de vie mais qui va permettre de sauver des vies..."

Un mois, trois jours par semaine, de 14h à 21h, à faire du porte à porte, dans les banlieues bourgeoises de Québec ville, les quartiers de classe moyenne et ceux plus ou moins pauvres.
Un mois à se les geler dehors, à combattre la fatigue et subir les nombreux refus: " Non, je ne suis pas intéressée... Je ne partage pas les mêmes valeures qu'Unicef, je suis pour le droit à la vie et contre l'avortement... S'ils arrétaient de procréer, on en serait pas là. Est-ce qu'Unicef distribue des condoms (préservatif )au moins?... Désolée, je suis témoin de Jéhovah. Je ne donne à aucune organisation... Je viens de perdre mon travail... Non merci mais je ferais une prière pour vous... Je suis en enceinte alors je passe mon tour pour cette fois-ci... J'aide déjà ma soeur qui est aveugle alors je pense que c'est correct... Je donne déjà au cancer du sein... Je suis en fin de vie alors non merci... J'ai choisi mes causes et Unicef n'en fait pas partie... Je donne déjà au cancer du foie depuis que des membres de ma famille sont partis comme ça... Je préfère donner local... Je suis réalisateur-cinéaste. Je peux vous donner 200 dollars en espèces mais pas de dons mensuels. Je peux gagner 10 000 dollars en un mois et le suivant ne rien toucher, vous comprenez?... Ma fille est handicapée, c'est correct?... Je vais réfléchir et voir cela par Internet... Non merci, je paye déjà mes impôts...

Le premier soir, j'ai fais deux "Pacs", un à 10$ de don mensuel, l'autre à 15$.
"Cool! Deux personnes ont adhérées en six heures de démarchage!
Mais c'est super!" ont, tout de suite, renchéri mes chers coéquipiers.
En effet, je compris rapidement les jours qui suivirent mon embauche. Parfois, aucun Pac en une soirée, parfois, seulement un à 10$, mais aussi des soirées à 50$.
Notre objectif personnel, en terme de chiffre, est de récolter au minimun 25$ de dons mensuels par soirée.
Oui, nous travaillons pour une agence humanitaire et nous sommes régis par des règles de managment néo-libéralisme, chiffre, moyenne, évaluation, record d'équipe, record personnel et supervisors. Mais tout cela dans l'humour et la bonne humeur... Car sans le soutien de l'équipe, se travail ne serait pas possible. Une phrase pour résumer la sympathie de mes camarades: " Allez ! On se crinque, on se crinque...!"

Comme tu l'as surement deviner, ce qui m'éclate, c'est avant tout la rencontre humaine, riche d'analyses et de sens.
Et faire du porte à porte, c'est rentrer dans l'intimité des personnes, la sphère privée.
Chaque quartier m'amène à explorer de nouvelles méthodes de communication.
Est-ce pour réussir à PACer (paquer) davantage les personnes que j'analyse ces intéractions?
Non, pas seulement.
Certes, je me laisse prendre au jeu de mes coéquipiers qui pour beaucoup s'amusent à relever des challenges personnels ou d'équipe et à faire leurs quotas horaire.  Mais ce qui m'anime, c'est davantage l'étude de l'être humain dans son milieu de vie.
Je m'amuse à tester continuellement de nouveaux RAP (discours pour faire adhérer la personne) et à en constater les effets .
Je me construis une grille d'observation et j'assemble chaque particularité de l'individu comme une pièce du puzzle (sexe, âge, situation affective, familiale, professionnelle, financière, immobilière, types de voitures, habitudes de consommations, niveau d'élocution...).
Je fais des catégories et des sous-catégories.
Je découvre que le temporel a une place essentielle dans la qualité de l'échange. La disponibilité des personnes, receptivité et mécanismes de défenses varient, entre autre, en fonction de  l'heure (jour, nuit, repas, retour des enfants de l'école, moment du film...) et du mois (décembre et l'impact des fêtes...) de la sollicitation. Sans parler pas, bien-sûr, de l'impact des conditions climatiques.
Chaque donnée va avoir des conséquences différentes sur notre échanges, selon l'individu, son mode de vie et sa culture. Tel un puzzle, je rassemble les similitudes, les différences et les exeptions. Je m'observe intéragir et je note que je suis une pièce importante du puzzle. Je suis la représentante. Ils sont les potentiels "parents du monde".

Telle une touriste non-conventinnelle, je visite Québec et ses habitants.
Suis-je une usurpatrice?
Non, seulemenent une voyageuse qui a besoin de gagner un peu d'argent pour continuer son aventure et qui a choisi de vivre cette expérience humaine pour en apprendre toujours un plus sur l`être humain, elle-même et la société dans laquelle nous vivons.
Est-ce que je crois en ceux que je "vends" en tant que représentante de l'Unicef?
Bien-sûr.
"Il y a deux ans, savez-vous qu'il y avait 22 000 enfants qui mourraient, chaque jour, de causes évitables, tel que la malaria, diarrhées, mal-nutrition... Aujourd'hui ce chiffre est descendu à 21 000."
Ce chiffre? vas-tu me dire.
Oui, ce chiffre. Un enfant, deux enfants, trois enfants, quatre enfants, cinq enfants, six enfants, sept enfants...
21 000 enfants meurents chaque jour...

Alors voulez-vous devenir "parent du monde"?
Parce que les enfants du monde ont besoin de vous, devenez vous aussi "Parents des Enfants du Monde". Grâce à votre soutien régulier, vous leur offrez plus que la vie, vous leur offrez un avenir !

 
 

Opération boule de neige...


Lourszazul a disparu.
Ce n'est pas une joke. Il n'est plus là. Sa place est vide. Plus que les traces des ses roues sur la neige.
Nous sommes dimanche 18 Décembre. La nuit est tombée. Je viens de perdre mon ami, ma maison.

Opération boule de neige, me-dit le gars de la fourrière. Pas une explication supplémentaire, il a l'air pressé, me donne un nouveau numéro. What's the fuck...
Répondeur... appuyer sur le 9...si vous voulez connaître l'emplacement de votre véhicule appuyer sur le 2...donner votre numéro d'immatriculation... numéro incorrect....merci de votre appel.
Répondeur... appuyer sur le 9... si vous voulez parler à un agent, appuyer sur le 1 suivi de la touche carré... nos bureaux sont ouverts de 8h30 à 16h30... merci de votre appel.

Lundi 19 Décembre,
120 dollars de ticket (contravention)! pour avoir laisser mon véhicule lors de l'opération boule de neige.
"Les feux clignotants sur les avenues, de 18h à 4h du matin, indiquent le déneigement des chaussées. Dans ce cas, vous avez jusqu'à 23h pour déplacer votre chars".
Hein !!!!...  Je lui en mettrais, moi, des boules de neige dans sa face...
Cependant, Lourszazul est vivant, alors je souris.
Vive le Québec, vive la neige et Joyeuses fêtes!

vendredi 16 décembre 2011

Envie de te raconter une histoire...

Nous savons tous ce qui se passe aujourd'hui dans le monde, en tout cas en partie, même si je pense que nous ne percevons pas l'ampleur des forces qui nous dominent.
Nous avons conscience, pour la plupart, que le monde ne tourne pas rond. Pourtant nous nous laissons vivre. Nous ne bougeons pas, par peur de perdre ce que nous avons, notre pouvoir de consommation, notre capital et notre confort. De toute facon ce n'est pas de notre responsabilté, c'est au gouvernement d'agir. Je m'occupe déjà de moi, de ma famille et de moi. Je travaille et je paye mes impots. Nous sommes déjà assez taxé comme cela!
Pourtant nous nous posons tous la même question:  "Comment allons-nous nous sortir de cette folie?"

Tu n'as peut-être pas de temps à consacrer pour défendre La Liberté et Le Droit de tout Etre Vivant à vivre dans des conditions dignes. Surement penses-tu que cela serait trop couteux en terme d'investissement personnel pour le peu davantage que ton action procurerait  à la société.

Effectivement il me semble difficile de renverser le pouvoir actuel ou de jouer le Robin des Bois pour aller distribuer l'argent des riches aux pauvres. Et puis est-ce la meilleure solution pour attaquer le problème?
Si je te dis qu'il existe une valeure supérieure à la valeure monétaire... As-tu maintenant une petite idée de quoi va parler mon histoire...  

CONTE CHAUDOUDOUX
« Libérons nous soi-même pour libérer le systéme »

Il était une fois une ville où tout le monde vivait heureux.
Chaque jour, les hommes, les femmes et les enfants se croisaient dans la rue en allant au travail, en faisant leurs courses, en promenant leur chien dans le park ou encore au café du coin.
Chaque jour, à chaque fois qu'ils se croisaient ils se distribuaient un chaudoudoux.
Les chaudoudoux sont les marques d'attention que nous échangeons et nous remplissent de bien être. Les chaudoudoux sont inépuisables et gratuits. Ils sont nombreux et ils existent de toutes sortes. Mais les habitants ne se lassaient jamais d'en inventer de nouveaux.
Le chaudoudoux s’adapte au temps que nous avons.  Il  peut être distribué plus ou moins rapidement.  
L important pour les habitants de la ville c’est de le distribuer.  Alors chaque jour chacun se faisait un plaisir de donner un sourire à chaque personne qu’ il croisait sur son chemin.
Bien sûr la personne lui rendait son sourire par un autre chaudoudoux, un signe de la main, un bonjour ou simplement par un regard souriant. Savez-vous que l’on peut sourire avec les yeux ?

Ainsi un passant heureux de son dernier échange ne perdit pas de temps à distribuer le nouveau chaudoudoux qu’il venait de recevoir, en ouvrant la porte à quelqu’un avant de rentrer dans le magasin.
Il recu un nouveau sourire.
Cette personne à son tour cueillit une fleur sur le chemin. Elle l’offrit au premier inconnu qu’elle croisa qui lui repondit un chaleureux merci.
L’inconnu partit prendre le bus, surpris et touché par ce chaudoudoux, la fleur dans sa main.
Il s’assit à coté d’un homme au chapeau. Il décida d’offrir à son tour la belle rose à son voisin de droite.
Le trajet fut fort agréable. Son voisin était cuisinier et il lui donna pour le remercier une recette de gâteau aux pommes. Sa voisine de droite  entendit la conversation et  n’hésita pas à s’y mêler.
Le voisin de la voisine sortie de sa poche un chaudoudoux reçu ce matin par sa fille, une tablette de chocolat. Quand on parle cuisine ca donne faim alors voici pour tous un carré de chocolat.
Il reçu quatre beaux sourires, une poignée de main et un bisou sur la joue.
C’est comme cela que les habitants vivaient dans cette ville.
Chaque chaudoudoux distribuait se multiplier et apportait joie et amour.
Un jour une vielle pharmacienne jalouse du bonheur des habitants  et aigrie de ne pas réussir à vendre tous ses médicaments,  pilules, filtres  et potions cherchait un plan d’attaque. Elle décida pour ce faire d’espionner les habitants.
Elle porta son attention sur une jeune fille qui, chaque matin en se levant, distribuait un chaudoudoux à son petit frère. Sa soeur le vit au loin dans la cuisine et lui dit « bon matin » mais il ne repondit pas. Il semblait ne pas avoir entendu, alors aussitôt elle s’inquiéta et se pressa de le rejoindre.
Mais  la vieille pharmacienne sortit de sa cachette et lui dit. Ton frère ne t’a pas répondu car il ne fait pas attention à toi.  Tu devrais pour une fois lui faire une petite lecon  pour etre sur que cela ne se reproduise pas. La jeune fille se dit quelle drole d’idee. Elle prit cela pour un jeu et  décida de suivre le conseil de la vieille dame.
Son petit frere venait d apprendre qu il ne pourrait pas être present à la fete de son père et il cherchait une solution. Trop absorbé par ses pensées, il n’avait pas entendu sa sœur.
Lorsqu il la croisa pour la seconde fois dans l’apres midi, il lui fit  un beau signe de tete mais elle finta de me pas le voir.
La pharmacienne en profita pour aller le voir et lui expliqua que sa sœur avait donné beaucoup de chaudoudoux  aujourd hui et qu elle en avait surement plus pour lui.
Le petit frere pris au serieux le discours de la vieille dame et il se mit à réfléchir à sa copine qui se plaisait à offrir des chaudoudoux toute la journée. Et s’y elle aussi épuiser son stock de chaudoudoux ? Il se mit à la surveiller et à se plaindre à chaque fois qu’elle donnait un chaudoudoux à quelqu’un, par peur qu il n en reste plus pour lui. Son amie l aimait beaucoup alors elle cessa d’en offrir aux autres et les garda pour lui seul.
La vieille femme continua son petit manège plusieurs jours.  Les hommes, femmes et enfants commencèrent à ne distribuer des chaudoudoux que s’ils etaient sur d’en obtenir en echange, à choisir ceux qu ils voulaient recevoir et certains  se mirent meme à travailler dur tres dur pour en acheter.
Les habitants du village devinrent  tristes et aigris. Beaucoup tombèrent malades. La vieille pharmacienne fière de sa réussite arrivait enfin  à vendre tous ces médicaments et potions qui prenaient jusqu’alors la poussière.  
Les habitants ressentaient un grand vide à l interieur d eux. Certains même en mouraient.
La vieille pharmacienne inventa un nouveau procédé pour éviter que les habitants ne meurent un par un par manque de chaudoudoux. Elle créa les frottequipique. Elle leur expliqua que si il decidait d’offrir un chaudoudou et que la personne ne lui répondait pas. Ils pourraient se venger en lui envoyant un frotttequipique.
Aussi ils arrivaient fréquemment que deux personnes se rencontrent en pensant s’offrir des chaudoudoux mais l’un changeait soudain d’avis, peut etre par peur de ne pas en recevoir et finalement elles se donnaient des frottequi pique.
Les hommes, les femmes et les enfants de cette ville découvrirent les insultes, la fourberie, la violence, la peur et la haine.

Dans notre société les chaudoudoux se font rares. Les habitants de nos villes ont tendance à réserver leurs  chaudoudoux seulement aux personnes de leur entourage, la famille et leurs  amis. Pourtant plus les chaudoudoux sont échangés, partagés plus il se multiplient, deviennent inépuisables et se répandent dans le cœur de tous les êtres humains pour apporter chaleur et douceur au quotidien, à tout moment de la journée.

Aujourd’hui,  je te propose donc de reconstruire ton stock de chaudoudoux.
Ta mission, si tu l'acceptes, est de distribuer un chaudoudoux à une personne de ton choix que tu ne connaîs pas. Essaye d’innover, de créer, d’inventer de nouvelles approches, attentions et intéractions. Si la personne ne te répond pas, ne te décourage pas. Tout le monde n'a pas eu ta chance, de lire le conte des chaudoudoux.
Si le coeur t'en dit tu peux chaque jour te donner ce petit défi et je suis sûr d'une chose, tu n'en seras que plus épanouie...
Plus tu en donnes, plus tu en recevras et plus tu seras heureux et tu rendras l’être humain heureux. N’est ce pas là le but de la vie, vivre le bonheur…
Alors penses-tu maintenant qu'il est possible de créer un nouveau monde?
L'histoire que je viens de te conter est tirée du "Conte chaud et doux des Chaudoudoux"de Claude Steiner.

lundi 5 décembre 2011

Vodou Haïtien à Montréal


Coup d’œil furtif dans la pièce. Tout le monde est déjà installé. Deux rangées de chaises remplies par des yeux qui semblent aussi intrigués que moi par ma présence. Un autel de prière sur ma gauche. Trois musiciens sur ma droite et un espace dégagé au milieu de la petite pièce.
Derrière moi sont disposés deux chaises. Le maître de la maison nous fait signe de prendre place. J’ai tout sauf envie de m’asseoir en face de ces gens qui me dévisagent.
OUF ! Changement de programme de dernières minutes, nous sommes autorisés à rejoindre le banc des spectateurs. Je me retrouve assise à l’entrée du couloir qui donne accès aux toilettes. Ma vue sur la place centrale est réduite mais qu’importe je me sens déjà plus à mon aise ici.
La cérémonie n’attendait que nous pour commencer. Ce soir, tous les esprits vont être appelés mais les Guédés sont à l’honneur. La couleur dominante sera donc le violet. Et pour cette occasion, toutes les femmes ont revêtis leurs plus belles toilettes. Rapide tour d’horizon de ma garde robe de voyageuse. Aucun regret, rien n’aurait pu répondre à la commande.
Les chants Vodou débutent au rythme des tambours.
Tour à tour une mambo est possédée. Elle est reconnaissable par le foulard colorée qu’elle porte sur ses épaules.
Le même rituel est opéré à chaque fois.
Une salutation devant l’autel. Une bougie allumée. Une série de pas de danse. Une offrande de rhum ou de vodka versé par terre pour l’esprit invoqué.
Tout le monde est invité à se lever de sa chaise pour l’accueillir.
La maîtresse des lieux, mambo, elle aussi, guide le déroulement de la cérémonie. Elle transmet le asson, oriente et protège invités et initiés.
Chaque invocation est différente. Chaque esprit a un caractère plus ou moins sage, joueur, colérique, séducteur, violent, manipulateur, taquin, coquin ou sensible; bref, tu l’auras compris, une personnalité qui lui est propre.
La tension monte selon l’appelé. Les regards changent, s’apaisent ou se figent.
Parfois l’esprit se dédouble et s’incarne dans deux, trois, ou quatre personnes. Soudain, comme une piqûre de moustique, l’initié se lève de sa chaise, voir même roule ou tombe sur le sol.
L’esprit ne se manifeste pas de la même façon selon le corps possédé.
Pendant que l’un semble vivre pleinement sa transe, l’autre fronce des sourcils et peine à accepter sa possession.
Mal de tête, fatigue, vertige, le réveil est parfois difficile.
Je m’amuse à observer des liens entre la personnalité de l’initié et la manifestation de l’esprit.
Les mambos plus douces, au premier abord sympathiques et joviales, me paraissent vivre harmonieusement l’incarnation de l’esprit, comme une symbiose, elle le laisse saluer les invités à sa guise, jouer des tours et danser avec qui bon lui plaît.
D’ailleurs je suis agréablement surprise d’être sollicitée à trois reprises par trois esprits différents. La premières s’appelle Erzuli Freda. Elle viendra me saluer avec élégance d’auriculaire à auriculaire, à la E.T version haïtienne. Le second est Saint Jacques. Malgré ses grands airs sérieux il a semblé m’apprécier. C’est un esprit bourru au cœur tendre. Le troisième sera un Guédé qui m’invitera à danser le grouyade.

L'atmosphère est conviviale. Les rires se partagent et les corps sont communicatifs. Chaque invité semble se plaire. Et la cérémonie prend des allures de fêtes. On en oublierait presque que chaque action a son sens, un ordre et une suite logique. Tout est calculé. La musique établit le rapport des initiés avec les esprits. L'action de la prêtresse est facilitée sur un groupe transporté dans un état de réceptivité. Ainsi le collectif semble plus important qu'il n'y paraît. Des jeux de pouvoirs sont en place. Mais la maîtresse de cérémonie reste attentive au bien-être de tous.

Je me demande si un accident c'est déjà produit.
Ce ne sera pas pour ce soir. La cérémonie est clôturé par l'appel des Guédés, des esprits farfelus qui aiment boire, fumer, le sexe et dévergonder ses hôtes...